dimanche 26 avril 2009

Les mots du développement (Introduction)

L'évolution des mots dans la société cubaine à partir des années 80

À partir de la prise du pouvoir par les rebelles en 1959, le lexique est devenu révolutionnaire et la société cubaine a commencé à composer les nouveaux mots et les phrases qui se sont converties, pas seulement en propagande révolutionnaire mais ils ont commencé à être partie du langage quotidien de la société. Dans toutes les sphères et domaines, de la politique, l'économie, l'éducation, aux centres de travail et la vie quotidienne, les expressions et de nouveaux mots se sont transformés en forme de démonstration de sympathie envers la Révolution.
©cAc-2009
La plaque avec la phrase « Seul Christ sauve[1] » a disparu des portes des maisons ou elle a été substituée par une autre plaque avec une nouvelle phrase : « C'est ta maison Fidel[2] ». Celle-ci a aussi disparu à l'aube des années quatre-vingts.
©cAc-2009
L'évolution de la société cubaine va rythmée avec l'évolution et le développement des acteurs sociaux créateurs du mot. La société cubaine a toujours été dynamique et ouverte, et l'histoire politico-sociale et économique l'a démontré.
Or, qui sont les acteurs sociaux créateurs du mot qui pousse vers le développement (et dans beaucoup de cas vers le contraire) dans la société cubaine actuelle ?
D'une partie nous trouvons l'acteur gouvernemental, chargé de porter les rênes de la politique, de l'économie et la société, secondé par tous les organes que se chargent de réaliser l'administration et les pouvoirs de l'État.
De l'autre partie nous trouvons différents acteurs mis en relation entre si. Ces acteurs, les internes (la société cubaine en général qui vit quotidiennement le modèle de « gouvernance[3] »), et les acteurs externes (les émigrants cubains dans toutes ses catégories et ceux qui peuvent être personnes morales, des organismes, les institutions ou les pays qui influent remarquablement dans les événements sociaux, politiques et économiques de l'île) vont créer le langage à travers duquel ils essaieront de se placer comme porteurs d'un modèle, d'une doctrine, de traditions, de la transculturation et même de la contestation aux normes établies.
Tant les uns comme les autres vont persister dans la subsistance de mots que chaque partie essaie légitimer, avec explications ou sans celles-ci, du sens réel du terme mis à rouler dans toutes les formes de communication. Les acteurs internes impliqués c'est-à-dire les autorités et la société, utiliseront une forme de communication parallèle connue comme « bola[4] », une espèce de rumeur qui va s'installer dans la société comme thermomètre, et qui va s’officialiser en fonction de la réussite de l'objectif de la même.
La « bola » arrêtera d'être rumeur, et naîtra officiellement comme un mot ou une phrase, dans les moyens écrits, radiaux et de la télévision, voir « politiquement corrects ». L'origine de la « bola » est en général une grande interrogation, puisqu'elle est liée aux intérêts de ses opérateurs. Le mot, revêtu de légitimité, s'installera dans le cours évolutif de la société comme un élément du « développement » ou « vers le développement ». La « bola » ou la rumeur, quand elle naît dans le sein de la population, révèle une espèce de désir, de changement, jeté à marcher à travers d'un mensonge.

[1] Cette plaque était placée dans les portes des maisons de familles très religieuses. La plaque en espagnol disait : « Sólo Cristo salva ».
[2] La plaque « Esta es tu casa Fidel » était placée dans les portes des maisons des familles dont la sympathie pour le « líder » de la révolution était sans conditions.
[3] La notion de « gouvernance » est un concept flou, mais étymologiquement ancien. A Cuba, cette notion n’est pas en vogue, tel que la présente Raphaël Canet dans la conférence prononcée dans le cadre du Séminaire Les nouveaux modes de gouvernance et la place de la société civile. Montréal, Écomusée du fier monde. 16 mars 2004. Voir aussi Jean-Pierre Gaudin, Pourquoi la gouvernance ?, Paris, Presses des la FNSP, coll. La bibliothèque du citoyen, 2002.
[4] La « bola » est définie comme mensonge, par la Real Academia de la Lengua, cependant, à Cuba le mot équivaut « rumeur ».

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