jeudi 30 avril 2009

Les mots du développement (III)

L'évolution des mots dans la société cubaine à partir des années 80

La dernière décennie du XXe siècle a été riche en transformations au sein de la société cubaine et notamment celles du lexique, qui ont enrichi un vocabulaire pertinent vers le « développement » mais également vers une régression des acquis.
La crise des années quatre-vingt-dix a mis en jeu le modèle social cubain. La crise économique, les changements opérés dans la monnaie nationale, le développement du tourisme et l'introduction de nouveaux codes sociaux ont permis la naissance d’un nouveau langage qui s’est consolidé par des nouvelles inégalités sociales.
La possession de devise étrangère, et notamment le dollar nord-américain, était puni par la loi. En 1993 la loi a changé et la possession de devises a été « dépénalisée ». Les académiciens et les économistes se feront écho de la « dollarisation ». La population va rêver de cette ouverture. Les « shoppings » et les « trd[1] » apparaissent, des magasins chargés d’encaisser les devises, dont les employés ont été formés pour s'occuper d'une nouvelle clientèle, celle qui disposait « de dollars ». Les Cubains restaient bouche bée après être salué, et traités de « monsieur » ou de « madame », titres de respect pour remplacer le « compañero », né avec la révolution, et qui n'a jamais donné espace au mot « camarade ». Le dollar américain s’a répandu par l'île, le « peso cubain » a perdu sa valeur et la « monnaie librement convertible[2] » quand à elle, a été baptisée comme « chavito » du vieux lexique cubain « chavo[3] ».
Un plan étatique avait comme projet ouvrir des nouveaux commerces s'est mis en marche, et peu à peu ont disparu les panneaux « clôturé pour réparation », « fermé pour maintenance » ou « danger d’écroulement » lesquels pendaient aux portes des locaux commerciaux, fermés depuis des années soixante au moment dont la propriété a commencé à être objet des « interventions » révolutionnaires. Les restaurants, les bars et les cafétérias dans tout le pays avaient aussi été la cible des expropriations. Le manque d’entretien ainsi que la disparition de produits des marchés ont apporté de nouveaux codes. Les « merenderos » (buvettes) ont remplacé les cafétérias et la population les a baptisés péjorativement comme « les palais des mouches » et « vivier de mouches » à cause du manque d'hygiène et de l'abandon, une bonne partie du temps, fermés par « un bilan, « un inventaire » ou « il n'y a pas d'eau ».
La « dollarisation » a propulsé la « surconsommation » dans une frange de la population et la possession du billet vert a aiguisé les différences dans la société. Le « cahier » pour l'obtention de produits rationnés a perdu leur sens d’existence et l'offre a été réduite à des produits élémentaires. Il n'y a pas de mots qui peuvent exprimer le désespoir de la société cubaine et l'indifférence envers le « développement ». L'impuissance et l'impossibilité de trouver une solution aux difficultés de la réalité quotidienne ont apporté un mot qui n'a pas eu de notoriété dans la société parce qu'il a été noyé des sa naissance. Le « maleconazo[4] » de l'été 1994 résume l'insatisfaction de la population et face à cette insatisfaction, l'action des « masses », c’est-à-dire, l'autre partie de population connue comme « des brigades de réponse rapide[5] ». Le « maleconazo » a donné lieu à la deuxième plus grande vague d'émigration vers les côtes de la Floride. La fuite voir échappatoire d'une société dont l’amertume et le désespoir poussait aux gens à traverser le détroit de la Florida sur des radeaux de misères alors ils ont été baptisés ces émigrants comme « balseros[6] ».
Le problème du logement ne réussit pas à être résolu. Les lois à l’égard de la propriété du logement se sont endurcies par le biais de nouveaux amendements. Le « desalojo[7] » ayant disparu, ainsi que le « desahucio[8] », un nouveau mot s'est inscrit dans le cadre du logement : « l'extraction[9] », une manière de faire sortir les occupants d'une propriété acquise dans l’illégalité, sans recourir à « l'expulsion ». Tout cela pour le bienêtre de la « communauté[10] », avec la « participation citoyenne », sans aucune manifestation de « solidarité » de la part des voisins, devenus spectateurs de l'illégalité et de l’incroyable paradoxe du « droit de propriété ». Le « déficit » et la précarité de l’habitat à Cuba augmentent avec les charges des cyclones. Les familles qui perdent sa maison sont hébergées dans des « auberges temporels » dont le sens exact du mot « temporel » n’a pas des limites est l’hébergement devient pour toute la vie. Le gouvernement incite à la reconstruction avec des phrases et des mots assez connues et le mot « masse » revient pour affronter et résoudre ces situations. Actuellement, après les dévastations infligées par les ouragans Gustav et Ike, les autorités ont manifesté que la reconstruction des logements sinistrés requière d'une bonne dose de « mouvement massif ».

[1] Sigles de Tiendas Recuperadoras de Divisas.
[2] Dans le lexique économique, la « monnaie librement convertible » fait référence au « peso » nommé CUC pour les échanges sur le marché.
[3] Aphérèse d’ochavo, ancienne monnaie. A Cuba équivaut à « peso ». Par ailleurs, pour souligner la perte de valeur du « peso », il devient « chavito ».
[4] En rapport à « malecón », c’est-à-dire, le « front de mer », la promenade maritime de La Havane.
[5] Brigade des citoyens prêts à contra manifester lors de émeutes ou manifestations contraires à la pensée de la révolution.
[6] Personnes qui partent sur des radeaux de fortune. Lors des événements d’août 1994, en moins d’un mois 35 000 personnes se jettent à la mer.
[7] C’était l’expulsion des paysans vivant dans les « bohíos » misérables construits sur des terres appartenant aux grands propriétaires terrains.
[8] En référence à l’expulsion des occupants des chambres et pièces loués dans les hôtels et maisons d’hôte à cause des loyers impayés.
[9] L’extraction, selon la loi générale du logement N° 65 de 1988, est l’extraction physique des occupants illégaux d’un logement, coordonnée par la Direction municipale du Logement avec l’aide de la police.
[10] Ici le mot « communauté » fait référence à la communauté des voisins vivant dans le quartier.

mercredi 29 avril 2009

Un nuevo estilo arquitectónico : el « neomaceteresco » por la arquitecta Milvia Maribona.

Con fecha enero 13 del año que corre, en Tropezar con la misma piedra...en la fachada hice alusión a la arquitecta santaclareña Milvia Maribona, en referencia a un artículo suyo mencionado por JGSosa en su Blog (El nuevo estilo arquitectónico del maceta-26-11-2008) y comenté que había removido cielo y tierra sin lograr hacerme de la revista Signos N°54 donde apareció publicado. Pues tuve que remontar el cielo y tocar tierra, para tener de las manos de mi vieja amiga la dicha revista. Me complazco entonces de poder compartir con ustedes la visión de la arquitecta de lo que ella llama el « neomaceteresco ».



©milviamaribona-revsignosn°54
Yo me permito agregar algunas fotos de esas fachadas recubiertas de lajas, que pululan en los barrios de Santa Clara y comienzan a ganar terreno en el centro de la ciudad:



©cAc-2009

mardi 28 avril 2009

Les mots du développement (II)

L'évolution des mots dans la société cubaine à partir des années 80

Dès 1959, la propriété de logement a été l’objet de grandes transformations. La « réforme urbaine » de 1960 a donné lieu dans la décennie 80, à l'institut du logement. Il a fait disparaître complètement la « propriété privée » et les nouvelles politiques urbaines l’ont légiféré comme « propriété personnelle[1] ». Afin de trouver une solution aux difficultés de logement, la population a donné cours à l’imagination en innovant des nouveaux systèmes d'échange de logements à travers de la « permuta[2] ». La construction de logements suivait son rythme sans réussir à résoudre le manque de maisons. Travailler dans une « micro[3] », obtenir un « medio básico[4] » ou vivre dans une « biplante[5] » construite par l'entreprise, ont également marqué la décennie, qui s'est caractérisée par la « rectification des erreurs commises » et la prolifération de « chantiers sociaux » dont la qualité constructive n'intéressait pas. Le « plan » était un « mot d'ordre » et il fallait les terminer pour « accomplir le but », « accomplir le plan ».
La « perestroïka » et la « glasnost » soviétiques se sont intégrés au langage des jeunes, sans qu’ils n'obtinssent de changements ni la « transparence » si attendue. L’Etat a fait disparaître les revues soviétiques et celles en provenance des pays de l'Europe de l'Est. L'information s'est concentrée dans les publications nationales et les événements arrivaient au compte-gouttes.
Les changements opérés dans le bloc soviétique ont eu un impact catastrophique sur l'économie et la société cubaine avant l'écroulement du système en 1991. Devant le désespoir et le manque de la confiance dans l’avenir, le mot et les phrases sont devenus un aimant pour attirer les plus jeunes. Le mot « Súmate » et « Cubain 100 % » ainsi que d'autres modalités et jeux de mots ont été employés par la jeunesse communiste pour faire éveiller la couche sensible de la société, avide de concerts, des fêtes et des rencontres.
Le mot « internationalisme » s’est intégré au vocabulaire de presque toutes les familles cubaines. Une « solidarité » sans limites de Cuba envers les peuples du monde et dont le sens changeait à l'intérieur de l'île. « L'internationalisme » a atteint sa plus grande hauteur dans des terres d’Angola et après avoir terminé la guerre, le terme a touché de nouveaux horizons. Les « maîtres internationalistes » et les « constructeurs internationalistes » ont travaillé au Nicaragua, à l'Iraq, en Libye et dans l'île de Grenade. Les « missions » de médecins cubains se sont installées dans beaucoup d'autres pays. A son tour, l’internationalisme s’est étendu aux « conseillers sportifs ». Avec l'évolution des stratégies et une nouvelle vision de la solidarité, de nouveaux mots se sont installés dans la course, non pas vers le développement, mais à la recherche de solutions à la crise économique. La solidarité a récupéré son sens humaniste avec « l'opération miracle[6] ». Une dévotion solidaire laquelle a provoquée une diminution considérable de l'attention médicale à la population cubaine. Les professionnels cubains, de médecins fondamentalement, ils ont trouvé une sortie voir une évasion en acceptant des missions à l’étranger, une façon de combler leurs aspirations de réussite. En devenant « coopérants », les professionnels ont trouvé également un sens performant aux mots « résoudre », « lutter » et « survivre ». Néanmoins, la « coopération » cubaine est la « vente de services » à d'autres pays, dont le plus grand flux est vers la Venezuela, mais l’organisme qui gère la coopération a des missions dans d'autres pays du continent latino-américain, au Yémen, et dans quelques pays de l'Afrique.
La décennie 80 prend fin avec une phrase laquelle a fait basculer la société cubaine et qui a crevassé les bases du modèle cubain : « la période spéciale dans des temps de paix ». La phrase a été véhiculée pour justifier l'inefficacité du système, et pour laisser la responsabilité de la crise à ceux qui avaient décidé de rompre avec son modèle social et économique pour monter au train de « l'économie de marché ». Derrière la phrase « période spéciale » toutes les carences et misères sociales se cachaient.

[1] Dans les conditions propres au système socialiste cubain, la propriété personnelle du logement est le droit de jouissance d’un logement par le propriétaire et sa famille, une fois son prix payé et l’interdiction de l’utiliser comme une source de revenus. Carlos A. Casanova. La propriété du logement urbain à Cuba. Conflits et acteurs de 1959 jusqu’en 2005. Thèse de doctorat. Université Paris III-Sorbonne Nouvelle. Paris 2007.
[2] La « permuta » est l’échange des maisons entre particuliers, devenu système d’accès à la propriété et d’amélioration de l’habitat.
[3] « Micro » vient du mot « micro brigade », un mouvement constructif surgit dans les années 70 afin de développer la construction de logements ainsi que d’œuvres d’intérêt social.
[4] Logement de fonction appartenant à une entreprise ou organisme de l’Etat.
[5] Maison à deux étages construite avec des pièces préfabriquées.
[6] L’opération miracle est un programme de coopération humanitaire destiné à traiter les personnes souffrant des maladies de la vue. Le programme s’adresse aux secteurs les plus pauvres de la population latino-américaine.

lundi 27 avril 2009

Les mots du développement (I)

L'évolution des mots dans la société cubaine à partir des années 80

La décennie 80 a été de grands changements dans la société cubaine, dont le premier événement a été l'irruption d'un groupe de personnes dans l'ambassade péruvienne. Les medias officiels ont diffusé la prise de l'ambassade comme l'acte d'un groupe « d'antisociaux[1] ». Le gouvernement a enlevé la protection du siège diplomatique et une avalanche de personnes a rempli l'enceinte. Le fait a donné lieu à l'exode massif pour le port du Mariel, la même année. Des milliers de Cubains ont décidé d'abandonner le pays et ils ont connu, avant de le faire, les « manifestations violentes de répudiation[2] » organisés par les organisations révolutionnaires. À partir de ces « manifestations de répudiation » qu'ils ont eu lieu aux centres de travail et en face du domicile des impliqués dont ils attendaient le permis d’émigrer, le mot est devenu un châtiment. Il a réapparu le mot « vermine[3] » ainsi que « vend patrie[4] », avec un ton plus révolutionnaire et surgit « scorie[5] » afin d’agrandir le mépris pour ceux qui abandonnaient le pays. Cependant, dans la même décennie, la « scorie » a fait des valises et elle a commencé à rentrer à l'île pour visiter les parents. La « scorie » a été baptisée comme « marielitos[6] », par les Cubains déjà installés en Floride, et reçue sous le nom de «communauté[7] », un mot surgi deux ans auparavant quand les visites de familles émigrés ont été permises, pour voir ses parents dans l'île. Le fait de venir de « dehors[8] » signifiait être un « communautaire[9] » et pas proprement un Cubain.
Terminée la vague massive d'émigration, ils ont émergé aux centres de travail, d'écoles et d'universités, des assemblées de « critique[10] » et « autocritique[11]» qui ont détruit peu des convictions qui restaient dans la couche la plus jeune au sein de la société et ont également détruit les études des futurs professionnels. La manipulée « critique constructive[12] » a porté certains au suicide, si nous considérons qu'abandonner l'île dans un radeau est aussi une manière de se suicider. Mais « suicide[13] » est un mot effrayant disparu des chiffres officiels. À l'entrée des hauts centres d'études les clôtures proclamaient que « l'université est pour les révolutionnaires ». Ce qui a évidemment approfondi la « double morale » et « l'opportunisme » de plusieurs.
C'est aussi la décennie de l'ouverture et du développement du tourisme et avec lui, la « reconversion » des forces armées dans la sphère économique, à la tête des corporations touristiques. Aux « diplotiendas[14] » et « diplomercados[15] » existants se sont ajoutés les « boutiques cubatur » installées dans les hôtels et seulement accessibles aux touristes. Les « marchés parallèles » de l'État ont surgi pour offrir un « excédent » qui n'était pas suffisant pour être distribué à des prix « subventionnés ». Les « guajiros[16] » producteurs ont pu situer ses produits sur des « marchés paysans » dont la vente était au compte des « intermédiaires » connus comme « des bandits du Río Froid[17] », ainsi nommés par la population. Les « intermédiaires », dans une course de prix exagérés ont déclenchés la fermeture de ces marchés par l'État. Fermeture qui n’était pas précisément pour défendre la population de ces prix, mais parce qu'ils perdaient le contrôle d'une économie puissante qui était promue entre particuliers.


[1] Le mot « antisocial », est donné à Cuba pour caractériser les personnes dont le comportement va contre l’ordre social y compris l’observance des normes révolutionnaires.
[2] Les « manifestations violentes de répudiation » sont connues comme « actos de repudio », c’est-à-dire, une démonstration de soutien à la révolution dont les répudiés sont méprisés, bousculés et traités de toutes les mots.
[3] A Cuba « gusano », est un mot péjoratif pour remarquer que la personne est « moins-que-rien », qui traîne comme un ver.
[4] Traite, qui se vend aux puissances étrangères.
[5] Le mot « escoria » a joué un rôle significatif dans les événements de 1980 à Cuba parce qu’il ne faisait pas la différence entre les personnes souhaitant abandonner le pays. Parmi la scorie, la racaille, le rebut on trouvait des citoyens intègres, professionnels, militaires, et même des fonctionnaires.
[6] Nom donnée à toutes les personnes qui ont quitté le port du Mariel, à l’ouest de La Havane, vers les côtes de la Floride.
[7] La « Communauté Cubaine dehors Cuba » s’est converti tout court en « comunidad » dont leurs membres sont devenus « comunitarios », c’est-à-dire, tous les cubains résidents « fuera » de l’île.
[8] Ibid.
[9] Ibid.
[10] Ces trois mots utilisés dans le contexte des assemblées révolutionnaires vont marquer trois étapes dans le châtiment moral du citoyen devant les supérieurs et devant ses collègues. Tout d’abord, la personne sera « critiquée » par un membre de la réunion, puis la personne devra « s’autocritiquer » et finalement, devra accepter d’autres critiques, édifiantes, afin d’améliorer ses erreurs du passé.
[11] Ibid.
[12] Ibid.
[13] Selon l’organisation mondiale de la santé (OMS), Cuba est le pays de l’Amérique latine avec le plus haut taux de suicides. Source : http://www.cubaeuropa.com/editorial/suicidios.htm
[14] Avant la dépénalisation du dollar, c’étaient les boutiques et supermarchés destinés au personnel diplomatique, les entreprises et les techniciens étrangers en fonction à Cuba.
[15] Ibid.
[16] « Guajiro » équivaut au mot paysan.
[17] Du nom d’un feuilleton mexicain qui passait à la télévision dans les années 80.

dimanche 26 avril 2009

Les mots du développement (Introduction)

L'évolution des mots dans la société cubaine à partir des années 80

À partir de la prise du pouvoir par les rebelles en 1959, le lexique est devenu révolutionnaire et la société cubaine a commencé à composer les nouveaux mots et les phrases qui se sont converties, pas seulement en propagande révolutionnaire mais ils ont commencé à être partie du langage quotidien de la société. Dans toutes les sphères et domaines, de la politique, l'économie, l'éducation, aux centres de travail et la vie quotidienne, les expressions et de nouveaux mots se sont transformés en forme de démonstration de sympathie envers la Révolution.
©cAc-2009
La plaque avec la phrase « Seul Christ sauve[1] » a disparu des portes des maisons ou elle a été substituée par une autre plaque avec une nouvelle phrase : « C'est ta maison Fidel[2] ». Celle-ci a aussi disparu à l'aube des années quatre-vingts.
©cAc-2009
L'évolution de la société cubaine va rythmée avec l'évolution et le développement des acteurs sociaux créateurs du mot. La société cubaine a toujours été dynamique et ouverte, et l'histoire politico-sociale et économique l'a démontré.
Or, qui sont les acteurs sociaux créateurs du mot qui pousse vers le développement (et dans beaucoup de cas vers le contraire) dans la société cubaine actuelle ?
D'une partie nous trouvons l'acteur gouvernemental, chargé de porter les rênes de la politique, de l'économie et la société, secondé par tous les organes que se chargent de réaliser l'administration et les pouvoirs de l'État.
De l'autre partie nous trouvons différents acteurs mis en relation entre si. Ces acteurs, les internes (la société cubaine en général qui vit quotidiennement le modèle de « gouvernance[3] »), et les acteurs externes (les émigrants cubains dans toutes ses catégories et ceux qui peuvent être personnes morales, des organismes, les institutions ou les pays qui influent remarquablement dans les événements sociaux, politiques et économiques de l'île) vont créer le langage à travers duquel ils essaieront de se placer comme porteurs d'un modèle, d'une doctrine, de traditions, de la transculturation et même de la contestation aux normes établies.
Tant les uns comme les autres vont persister dans la subsistance de mots que chaque partie essaie légitimer, avec explications ou sans celles-ci, du sens réel du terme mis à rouler dans toutes les formes de communication. Les acteurs internes impliqués c'est-à-dire les autorités et la société, utiliseront une forme de communication parallèle connue comme « bola[4] », une espèce de rumeur qui va s'installer dans la société comme thermomètre, et qui va s’officialiser en fonction de la réussite de l'objectif de la même.
La « bola » arrêtera d'être rumeur, et naîtra officiellement comme un mot ou une phrase, dans les moyens écrits, radiaux et de la télévision, voir « politiquement corrects ». L'origine de la « bola » est en général une grande interrogation, puisqu'elle est liée aux intérêts de ses opérateurs. Le mot, revêtu de légitimité, s'installera dans le cours évolutif de la société comme un élément du « développement » ou « vers le développement ». La « bola » ou la rumeur, quand elle naît dans le sein de la population, révèle une espèce de désir, de changement, jeté à marcher à travers d'un mensonge.

[1] Cette plaque était placée dans les portes des maisons de familles très religieuses. La plaque en espagnol disait : « Sólo Cristo salva ».
[2] La plaque « Esta es tu casa Fidel » était placée dans les portes des maisons des familles dont la sympathie pour le « líder » de la révolution était sans conditions.
[3] La notion de « gouvernance » est un concept flou, mais étymologiquement ancien. A Cuba, cette notion n’est pas en vogue, tel que la présente Raphaël Canet dans la conférence prononcée dans le cadre du Séminaire Les nouveaux modes de gouvernance et la place de la société civile. Montréal, Écomusée du fier monde. 16 mars 2004. Voir aussi Jean-Pierre Gaudin, Pourquoi la gouvernance ?, Paris, Presses des la FNSP, coll. La bibliothèque du citoyen, 2002.
[4] La « bola » est définie comme mensonge, par la Real Academia de la Lengua, cependant, à Cuba le mot équivaut « rumeur ».

Las palabras del desarrollo

En noviembre del 2008 tuvo lugar en la universidad Paris Dauphine el coloquio Les mots du développement : Gènese, Usages et Trajectoires auspiciado por el Centre d’Économie de la Sorbonne y por el Institut de Recherche Interdisciplinaire en Sociologie, Économie, Sciences Politiques (IRISES). En este coloquio presenté « La evolución de las palabras en la sociedad cubana a partir de los años 80 » en el atelier Les « carrières » des mots. Terminado el coloquio, se avizoraba la publicación de una obra colectiva que agruparía todas las comunicaciones presentadas. Acabo de recibir un correo del comité de publicación con la mala nueva que luego de numerosas reuniones, proyectos y discusiones, la compilación no verá la luz (a causa de la crisis ?), y nos sugiere a los que participamos, que lo sometamos al parecer de revistas o publicaciones a las cuales pudiera interesar ( ?). Bueno, me dije, y por qué no presentar mi comunicación en la rúbrica Análisis de éste blog ? Yo se que la mayoría de quienes leen mis textos y artículos no encontrarán a su aire el texto original en francés, que será el publicado en el blog, pero eso no es un problema, basta con hacerme saber que están interesados en leer la versión en español y con gusto la envío a la dirección mail que me indiquen escribiendo a carcasoliva@gmail.com

samedi 25 avril 2009

Soirée vélo à Paris

La excursión ciclista de los viernes por la noche queda relanzada. Ayuda el hecho de que el tiempo es agradable. Poner en condiciones la bicicleta, y preparar el equipamiento fue cuestión de media hora. Luego vino la hora de salir, y atravesar la ciudad desde el noroeste buscando el centro con ese pasaje obligado que me he creado : la Gare Saint Lazare, la Ópera, la pirámide del Louvre y el Arco del Carrusel con la perpetual dama de hierro al fondo haciéndome una seña. El Pont des Arts, como es habitual, lleno a tope, el teatro de Châtelet presentando el musical On the Town y de nuevo, el punto de partida, el Hôtel de Ville, con casi toda la explanada para nosotros, digo casi, porque en la misma entrada del ayuntamiento parisino, un grupo de manifestantes mantiene una acción de lucha por la universidad francesa. La salida fue lanzada y en pelotón cerrado los más de 200 ciclistas comenzamos un recorrido por la ciudad que a mi en particular ya me faltaba. Hay mucho que descubrir rodando por los viejos adoquines de Paris, y no es mi intención hacer de esta reseña una guía nocturna de la ciudad, pero no puedo dejar de mencionar la sorpresa ante la excelencia de la vidriera iluminada del Grand Palais des Beaux-Arts, que fue edificado a partir de 1897.
La pausa a mitad del recorrido fue en la explanada de la iglesia Sainte Clothilde en el séptimo distrito. Tampoco pretendo postear cada excursión nocturna de Paris-Randovélo, salvo que para anunciar esta relanza, quiero saludar a dos amigos canadienses, perennes hacedores de ruta, en bicicleta por supuesto, y que recientemente pedalearon por las bacheadas carreteras de la región central de Cuba, haciendo altos en un montón de pueblitos bañados de sol, en la Perla del Sur, en la ciudad de Marta, en la villa de los Laureles, en la de los Olivos, y por supuesto, en la colonial Trinidad.

jeudi 2 avril 2009

Volver, pas celui d'Almodóvar...

Volver a casa o volver de casa, de los orígenes o a los orígenes, simplemente volver, volver como alguien que intentó ser feliz con los suyos, muchos o pocos, quizá menos que antes, o que intentó no verse rodeado, pero si posar la mano sobre un hombro familiar o amigo, sentir el calor de un beso que reconoces como casi el mismo cuando entonces dejando de ser niño, él te acompañaba al punto desde donde partías para la escuela, teñido de azules y con ilusiones futuras ; volver de casa, diciendo adios a esos viejos muebles que no pretenden envejecer mientras a su alrededor los pasos se achican, quizá, los pasos sean una historia pasada que se cuenta con ojos aún vivos desde otra silla diferente, metálica, con ejes, ruedas y brazos donde el reposo se hace obligado ; volver a casa para intentar oir el aleteo de los pájaros buscando sitio entre los árboles del patio mientras aclara el día, o pensar en los gorriones que entran alocados en la sala y no encuentran la salida a la calle ; volver de esos orígenes que unos quieren olvidar y otros se empeñan en mutilar, sin habernos pedido el permiso de deshacernos quiéramos o no, esos orígenes que se pierden cuando la voz comienza a olvidar el pasado y se convierte en un hilo de voz, que se partirá una noche tarde o una tarde antes que la noche se vista de miedos, volver, para qué volver, o no volver, y por qué no ?, si es nuestro ese taburete que sigue mojándose cada primavera, recostado a una pared que enseña sus ladrillos, asfixiada por el tiempo y las calamidades como nuestro es el tejado musgoso y desordenado por las orgías gatunas de noches alumbradas por una luna nueva o completamente estrelladas, desgajadas, en plena caída, alegres, ruidosas ; volver de la casa simplemente, como si sólo eso, fuera una conjura contra los poderes que pretenden impedir que vuelva para disfrutar del brillo negro de una semilla de mamey, volver a casa para recordar todas aquellas cosas buenas y malas que te harán volver, o nunca más, volver.