Rencontre pluridisciplinaire des latino-américanistes de France
FLASH – Université de La Rochelle, 3 et 4 novembre 2005
Afin de parler de la mémoire de notre habitat traditionnel, nous devons nous situer au sein d’un vaste territoire qui réhabilite la mémoire que nous ont léguée les indiens cubains au travers des colons espagnols.
Les changements sociaux à Cuba, depuis la colonisation jusqu'à nos jours, ont déterminé l’évolution de l’urbanisme. Cependant, ces changements n’ont pas réussi à effacer l’héritage indigène. Cette hypothèse est établie après avoir constaté l’évolution de l’habitat indien qui s’est transformé jusqu’ à constituer l’habitat traditionnel des paysans cubains.
L’histoire de l’urbanisme à Cuba est habituellement divisée en trois époques. Tout d’abord l’étape coloniale, puis celle apparue avec la naissance de la République en 1902 et qui se prolonge jusqu’en 1959. Et enfin l’étape révolutionnaire, toujours d’actualité.
Les indiens de Cuba, au dire des conquistadors, n’étaient pas tous semblables. Les indiens du sud de la province de Pinar del Rio étaient, au dire des Espagnols, moins “civilisés” que les indiens de la partie orientale du pays. Les habitants de la partie occidentale de l’île, de culture rude et primitive “ne possédaient ni village, ni maison, ni même d’emplacement fixe[1].” Ce qui traduit leur appartenance à une culture paléolithique qui fut appelée la culture ciboney ou également guanajatabey.
L’absence de trace de ces populations ainsi que les témoignages écrits des conquistadors démontre que les ciboneyes ne construisaient aucun type d’habitat.
Dans la partie orientale du pays, vivaient des indiens qui avaient envahi le reste de l’île et qui utilisaient les autres indiens et entre autres les indiens ciboneyes comme main-d’oeuvre. Ces indiens appartenaient à une culture néolithique qui fut identifiée comme étant la culture taïna. Les taïnos étaient un peuple d’immigrants provenant des îles Caraïbes. La découverte de sites archéologiques nous montre que ces indiens s’établissaient sur des terrains fertiles, généralement surélevés et proches de points d’eau. Ces emplacements se composaient d’habitats spacieux, soignés, d’une construction relativement simple. C’était en général des habitations communes qui pouvaient accueillir jusqu’à une vingtaine de personnes. Ces habitations s’appelaient bohío, bajareque, caney et barbacoa.
Le bohío[2] était tracé sur un plan rectangulaire, le toit surélevé reposait sur deux colonnes de la partie antérieure qui servait d’auvent. Sur la partie frontale du bohio une entrée basse en permettait l’accès à ses habitants et sur les cotés, des ouvertures étaient emménagées afin de laisser pénétrer la lumière. Il existait également des bohíos de grandes dimensions appelés bajareque[3].
Le caney[4], était lui, tracé sur un plan polygonal et possédait un toit conique. Ce dernier reposait sur les poteaux et les parois, ce qui ne permettait pas la construction de porches comme pour le bohio. Une des parois était percée d’une entrée très basse. Les dessins de l’époque ne la conquête de laissent voir aucune autre ouverture.
La barbacoa[5] était l’équivalent d’une hutte construite sur pilotis ou logée dans un arbre, principalement destinées à la conservation des fruits et du maïs. La barbacoa occupe un espace particulier dans la mémoire cubaine. Si la fonction initiale s’est perdue, emmagasiner les récoltes à des fins de conservation, il s’est transformé en chambre supplémentaire pour les familles en manque d’espace. Dans tous les appartements des grandes villes on a construit des barbacoas. Les plus fameuses sont celles de La Havane et de Santiago de Cuba, deux villes qui connaissent un taux de surpopulation important principalement dans les quartiers de la vieille ville.
L’armature de ces quatre types de constructions était constituée de fourches de bois dur et le palmier était utilisé comme matériau pour le toit et les parois. La structure de ces habitations était soutenue par des cordes en fibre de palmier ou par des lianes provenant de plantes diverses.
Aujourd’hui le mot bohío a une acception usuelle mais quelle en est la définition de l’académie de la langue?
- Bohío : (voz americana) m. Cabane d’Amérique, faite de bois et de branches, de roseaux ou de paille sans autre ouverture que l’entrée.
Si l’on en croit l’anthropologue cubain Fernando Ortíz dans son glossaire d’afronégrisme dans lequel il cite Léo Wiener, le mot bohío est d’origine africaine et plus exactement mandiga. Dans la langue vei boi est une maison, bong est une maison en mandiga, bungo en kabunga, bo en toruka, bun et bong en bambari. Et Wiener pense que ce vocabulaire des langues mandé et mandiguas sont dérivés de l’arabe bait - maison[6].
Mais ces explications sont douteuses car il faut se souvenir que le bohio était l’habitat indigène, donc antérieure à l’arrivée des différentes communautés africaines et que le mot provient plutôt de la langue arahuaco, qui était la langue des indigènes. De plus, si le bohío est un habitat effectivement simple et modeste il est, contrairement à la définition toujours aménagé de plusieurs ouvertures. Il suffit pour s’en convaincre d’observer les espaces entre les parois et le toit.
Les espagnols, en s’installant dans l’île entre 1492 et 1512 créent les “villas” et commencent par construire leurs habitations à l’image de celles des indigènes. Des trois types de constructions, c’est le bohío qui va prédominer durant tout le XVIe siècle. Ensuite, ces mêmes Espagnols, s’installent dans les campagnes et initient une politique agraire. De la même façon, c’est le bohío qui va constituer l’habitat rural, il est idéalement adapté au climat et le matériau pour sa construction se trouve librement dans son environnement immédiat.
Une nouvelle étape est franchie vers 1580 avec l’arrivée des esclaves noirs, venus remplacer la main-d’œuvre indigène en voie d’extermination. Apparaissent alors de nouvelles formes de logement dans les centrales sucrières. En effet, les colonies d’esclaves étaient parquées dans de grandes baraques ou barrracones, à l’écart de la maison principale, de style colonial, qui abritait le propriétaire, (el amo), et le personnel blanc, c’est à dire le contremaître et sa famille. Il faut préciser qu’avant l’arrivée massive d’esclaves noirs et leur entassement dans les barracones, lorsque leurs communautés étaient encore peu nombreuses, ils pouvaient jouir d’une certaine liberté qui se reflétait dans la possibilité qu’ils avaient de vivre dans un bohio.
Les barracones étaient des bâtiments longs et étroits, aux parois en pisé, avec un toit très bas, sans autre ouverture que les deux entrées à chaque extrémité, ce qui en faisait des bâtiments particulièrement obscurs.
Un autre phénomène intéressant est celui des esclaves cimarrones, c’est à dire des esclaves en fuite qui deviendront bientôt le cauchemar des colons. Ces fuyards se réfugiaient dans des sites montagneux et construisaient leurs abris dans les arbres, les palenques, pour se protéger de leurs poursuivants, les rancheadores. Ces constructions ont disparu sitôt ce phénomène éradiqué par les colons. Cependant, les barracones ont survécu à l’esclavage. Ils ont bien évidemment changé de fonction et ont évolué jusqu’à se transformer en habitat destiné aux populations les plus démunies, et ce, non seulement dans les centrales sucrières, mais aussi dans les quartiers pauvres des villes et villages. Dans la première moitié du XXe siècle, les familles les plus pauvres étaient obligées de vivre dans des barracones compartimentés en studios, avec des conditions d’hygiène déplorables. D’autres exemples de la survivance des barracones, celui des « baraques » destinées aux réservistes ou les « auberges » qui logent des familles dont les maisons ont été déclarées insalubres.
La société cubaine a vu son évolution s’accorder au développement de l’industrie sucrière. Les progrès se sont fait sentir en milieu urbain et en milieu rural. Les quelques rares indigènes qui avaient survécu, les Espagnols et les noirs venus d’Afrique ont donné naissance à un métissage qui est aujourd’hui encore, la mosaïque de la nation cubaine.
Pendant que les “villas” se transformaient à la fin du XVIe siècle en villes et en villages, les constructions qui s’imposaient étaient faites de murs de brique et de toits de tuiles. Le badigeon était soutenu par des châssis de bois. Ces maisons étaient à l’origine assez basses, les murs en étaient légers et le coût moindre.
Le progrès rural à cette même époque a consisté dans le développement de fabriques (ingenios) et de plantations de tabac ainsi que de scieries pour la fabrication de bateaux. Malgré ces changements, l’habitat rural n’évolue pas. Le bohío de l’indigène se construit toujours à l’identique avec plus ou moins d’aménagements. Le bohío demeure l’habitat traditionnel des paysans qui travaillent la terre pour le compte des Espagnols, des journaliers, des cultivateurs pauvres, des fermiers mais aussi des créoles riches. Les propriétaires fonciers, les propriétaires de centrales sucrières et les riches éleveurs commencent, eux, à édifier des maisons confortables avec de nouveaux matériaux plus solides.
Toute la campagne cubaine pendant des siècles, a été parsemée de bohíos. Tout autour des villages, le long des routes, dans les quartiers pauvres, le bohío, avec la grâce de sa simplicité est l’élément primordial de l’habitat cubain.
Durant les guerres d’indépendance, la première en 1868, et la seconde entre 1895 et 1898, les champs et les plantations furent incendiés. Mais les bohíos se sont accrochés au paysage afin de retrouver leurs habitants une fois la guerre terminée. Il faut signaler que durant le “regroupement de Weyler”[7], à partir du 21 octobre 1896, la campagne demeura déserte à cause de la concentration obligatoire des paysans dans les villages afin d’éviter que les mambises ne bénéficient de leur aide.
L’indépendance en 1898 et la naissance de la République en 1902 ont apporté leur lot de changements. L’industrie sucrière développa de nouvelles centrales et de nouvelles fabriques (ingenios), et avec elles apparaissent les bateyes. Le batey[8] est le centre, l’âme, d’une fabrique (ingenio) ou d’une centrale sucrière. C’est un espace ouvert autour duquel se construisaient les maisons des ouvriers, employés et administrateur. Ils n’ont pas disparus aujourd’hui ayant généralement survécu à la politique de fermeture de ces vieilles industries sucrières.
Le bohío lui, loin de tout progrès, résiste avec la modestie de ses matériaux.
Les gouvernements successifs, loin de se préoccuper des conditions de vie de la population laissèrent pourrir une situation déjà précaire, celle du logement. Cependant le problème était moins aigu dans les villes qu’à la campagne. Le paysan n’était pas propriétaire, il travaillait pour des colons qui l’exploitaient et l’expulsaient au gré de leurs besoins, brûlant au passage leur modeste demeure, le bohío, qui, dans sa fragilité, représentait bien la précarité et la rudesse de la vie des paysans.
En 1953, un recensement[9] concernant le logement, montre que 63% des habitations rurales sont composées d’une combinaison de divers matériaux comme la yagua (feuille du palmier), de guano et de bois de diverses provenances. Le sol est généralement de terre ou recouvert de sacs de jute. 95% de ces habitations ne possèdent ni bain ni douche; les latrines sont à l’extérieur et font, parfois, office de douche. A cette époque, l’électricité ne couvre pas encore l’ensemble du territoire et la grande majorité des habitations rurales en sont dépourvues.
Au cours du jugement de Fidel Castro suite à l’assaut de la caserne de la Moncada, toujours en 1953, ce dernier dénonça la situation du logement dans son ensemble. Cette critique se convertit non seulement en une condamnation du régime mais en un thème majeur de la propagande révolutionnaire qui prétendait résoudre ce problème d’une façon définitive.
C’est en 1959 qu’ont été promulguées les lois qui vont changer le paysage de l’habitat autant urbain que rural, la loi de la Réforme Urbaine et la loi de Réforme Agraire. Avec l’entrée en vigueur de ces deux lois, sont entrés en action des plans qui ont concerné non seulement l’accession à la propriété mais également l’évolution de l’habitat.
La Commission Nationale des Logements Ruraux a été créée durant les deux premières années de la Révolution. Cette commission avait pour objectif d’éradiquer les habitations misérables appelées bohíos. A cette fin, la commission met en chantier plus de 200 aires de construction dans tout le pays. Cette commission est à l’origine de la création d’un nombre important de villages agricoles, qui remplacent les bohíos par des logements sociaux regroupés en bâtiments identiques, modifiant ainsi totalement le mode de vie rural[10].
De cette façon, le paysage rural traditionnel se trouve menacé de disparition. A partir du moment où l’on décide de la disparition du bohío, c’est la mémoire d’une culture traditionnelle en matière d’habitat mais aussi une culture artisanale qui se trouve entamée.
La substitution des bohíos par des “logements adéquats” n’a pas pu être réalisée avec l’ampleur initialement prévue. Tout d’abord parce que les ressources dont disposait le gouvernement ne permettaient pas de transformer 63% des logements ruraux ou d’améliorer les services d’hygiène des 95% d’entre eux. De plus, il fallait financer la construction des communautés rurales. Ensuite parce que d’autres problèmes de logement se présentaient aussi dans les villes auxquels il fallait faire face. La construction de villages agricoles que l’on a appelé plus tard “communautés rurales”, a eu pour conséquence de provoquer un exode rural vers les espaces urbains.
Retenons quelques faits :
A partir des années 1940 s’opère une forte migration des paysans vers les villes. Il faut rappeler qu’à cette époque, on observe une dégradation importante des conditions de vie à la campagne.
Dans les années 1960, on construit des communautés[12] destinées aux paysans de la zone montagneuse de l’Escambray qui avaient coopéré de façon très active avec l’armée des volontaires qui s’opposait au gouvernement révolutionnaire.
Dans les années 1970, on construit les fameuses “communautés rurales[13]” qui vont regrouper des paysans qui vivaient dispersés sur des territoires espacés. Ces communautés se composent d’immeubles de 3 ou 4 étages comprenant de 18 à 24 appartements. Le paysan reçoit, clé en mains, un appartement meublé et dispose d’un confort parfois difficile à obtenir en ville.
En analysant les recensements des années 1970 et 1981, on observe que la population rurale diminue considérablement. Quelles raisons trouver à ce phénomène alors que les lois de Réforme Agraire et les différents plans pour le logement prévoyaient d’améliorer considérablement la vie des paysans qui vivaient dans des bohíos misérables?
En remplaçant les bohíos par des immeubles, en regroupant les paysans qui avaient pour coutume de vivre sur leur parcelle, le paysage cubain subit une transformation magistrale. Mais ce n’est pas seulement une atteinte à la mémoire et aux traditions rurales, ça l’est également envers le mode de vie du guajiro (paysan). Au lieu de s’asseoir sur le tabouret tapissé de peau de chèvre que le guajiro adossait au mur en bois de palmier pour fumer un cigare en fin de journée, le paysan s’assoit maintenant sur une chaise sur un balcon qui ne lui offre d’autre vue que son voisin de l’immeuble d’en face.
Du bohío à la maison en béton armé[14].
En 1984, avec la possibilité qui leur est offerte de vendre leur produit sur les marchés appartenant à l’état, beaucoup de paysans qui ne vivaient pas dans les “communautés rurales” décident de construire leur propre maison, la mode de l’époque étant alors le style “chalet”. Le seul “progrès” de ce type de construction est d’être construit en brique et en ciment, le toit est constitué d’une plaque de béton armé et les fenêtres sont des persiennes. Bien sûr ces maisons sont plus solides que le bohío, mais elles sont tout à fait inadéquates pour le climat chaud et humide de Cuba.
De la maison en béton armé (placa) au bohío.
Cette chaleur si difficile à supporter et le désir de vivre indépendants pousse les enfants des paysans à construire, dans un rayon familial et donc sur la même parcelle, un bohío, dans la plupart des cas un « conuco » concédé par le chef de famille, et de s’y installer, réhabilitant ainsi un certain mode de vie. Il faut préciser qu’actuellement, cette démarche n’est pas faite dans le but de récupérer une mémoire qui se perd, mais plutôt de résoudre le problème du logement aujourd’hui si aigu à Cuba.
Il serait bon de pouvoir remonter à la source de notre étude et en partager l’intérêt avec les protagonistes. Discuter dans le salon triste d’un appartement d’une “communauté rurale”, ou dans le salon d’une maison de placa, suffocant de chaleur, ou bien assis “à la fraîche” sous un arbre d’avocat, planté derrière le bohio, entourés de poules et un chien couché à nos pieds.
Chaque acteur social pourrait alors évoquer pour nous un passé et un présent, riche et pauvre à la fois, mais de toute façon nécessaires à la compréhension de ce qu’est la mémoire de l’habitat traditionnel cubain.
L’habitat traditionnel de Cuba, comme nous venons de le voir, a résisté aux assauts du temps comme aux conceptions architecturales modernistes, ou aux politiques erronées de conception de l’habitat qui n’ont tenu compte ni des traditions populaires ni d’un mode de vie adapté aux conditions du pays.
Mais la maison traditionnelle paysanne a été réhabilitée par des personnes qui ont reconnu en elle un héritage transmis d’une façon spontanée de génération en génération. C’est aussi un culte à la mémoire qu’expriment des traditions artistiques populaires comme la poésie (« décima » et « improvisation »), la chanson (le « son montuno »), la littérature, la peinture, la sérigraphie et plus récemment le cinéma.
[1] Fernando Portuondo, Historia de Cuba hasta 1898, Editora Universitaria, La Habana, 1965.
[2] La représentation la plus exacte d’un bohío est celle exécutée par Fernández de Oviedo dans Historia general y natural de las Indias, islas y Tierra-Firme del océano, Madrid. Selon lui, les deux Espagnols qui furent envoyés dans l’île lors du premier voyage de Colon, avaient observés que les bohíos pouvaient loger jusqu’à 20 personnes.
[3] Fray Bartolomé de Las Casas fait mention d’une maison à Caonao, actuelle province de Cienfuegos, qui accueillait environ cinq cents personnes. Peut être en bon andalou, exagérait-il un peu, mais peut être mentionne-t-il un bajareque. De plus il ne faut pas oublier que les habitations indigènes étaient des habitats communautaires.
[4] Le « caney » a été également illustré par Fernández de Oviedo dans Historia general y natural de las Indias, islas y Tierra-Firme del océano. Madrid.
[5] Dans le chapitre I du livre VII de Historia general… , Oviedo précise que «…au fur et à mesure de la croissance du maïs et lorsque celui-ci atteint sa maturité il est nécessaire de le surveiller pour le protéger des animaux, pour ce faire les indiens utilisent les enfants qu’ils placent dans les arbres ou dans les abris faits des bois et de cannes recouverts de feuillages qu’ils appellent barbacoas ». Selon le texte original, Oviedo précise que « …así como el maíz va creciendo tienen cuidado de lo deshervar, hasta que está tan alto que señoree la hierva; cuando está bien crecido es menester ponerle guarda, en lo cual los indios ocupan a los muchachos, e a este respecto los hacen estar encima de los árboles e de andamios que los hacen de madera e cañas e cubiertos con ramadas por el sol e el agua, e a estos andamios llaman barbacoas”.
[6] Leo Wiener, Africa and the Discovery of America, Philadelphia, 1920 y 1924.
[7] Le « regroupement de Weyler » précisait: « Tous les habitants des campagnes environnantes ou hors de la ligne de fortification des villages devront se regrouper dans un délai de huit tours dans les villages occupes par les troupes. Tout individu que transgressera cette règle sera considéré comme rebelle et sera jugé comme tel ». La Enciclopedia de Cuba, t.5, Madrid: Ed. Plaza Mayor, S.A., segunda edición, febrero de 1976, p.135.
[8] Le batey , du vocabulaire arahuaco des indiens taïnos, désigne l’espace quadrilatère devant le bohío du cacique. Il est utilisé comme aire de détente pour les jeux de balles ainsi que d’espace de réunion lors des assemblées.
[9] Recensement du logement de 1953. Comité Estatal de Estadísticas. Censo de Población y Viviendas, La Habana, 1981.
[10] Juan Vega Vega, Commentaires à la Loi Générale du Logement, Ed. de Sciences Sociales, La Havane, 1986.
[12] Sandino, dans la province de Pinar del Río, et la Communauté Wilfredo Pagés, environ vingt kilomètres de la ville de Santa Clara.
[13] Communauté « La Yaya », Communauté « Los Cocos », Communauté « La Campana » toutes dans la région de l’Escambray.
[14] Type de maison connue comme « maison de placa ».
Les changements sociaux à Cuba, depuis la colonisation jusqu'à nos jours, ont déterminé l’évolution de l’urbanisme. Cependant, ces changements n’ont pas réussi à effacer l’héritage indigène. Cette hypothèse est établie après avoir constaté l’évolution de l’habitat indien qui s’est transformé jusqu’ à constituer l’habitat traditionnel des paysans cubains.
L’histoire de l’urbanisme à Cuba est habituellement divisée en trois époques. Tout d’abord l’étape coloniale, puis celle apparue avec la naissance de la République en 1902 et qui se prolonge jusqu’en 1959. Et enfin l’étape révolutionnaire, toujours d’actualité.
Les indiens de Cuba, au dire des conquistadors, n’étaient pas tous semblables. Les indiens du sud de la province de Pinar del Rio étaient, au dire des Espagnols, moins “civilisés” que les indiens de la partie orientale du pays. Les habitants de la partie occidentale de l’île, de culture rude et primitive “ne possédaient ni village, ni maison, ni même d’emplacement fixe[1].” Ce qui traduit leur appartenance à une culture paléolithique qui fut appelée la culture ciboney ou également guanajatabey.
L’absence de trace de ces populations ainsi que les témoignages écrits des conquistadors démontre que les ciboneyes ne construisaient aucun type d’habitat.
Dans la partie orientale du pays, vivaient des indiens qui avaient envahi le reste de l’île et qui utilisaient les autres indiens et entre autres les indiens ciboneyes comme main-d’oeuvre. Ces indiens appartenaient à une culture néolithique qui fut identifiée comme étant la culture taïna. Les taïnos étaient un peuple d’immigrants provenant des îles Caraïbes. La découverte de sites archéologiques nous montre que ces indiens s’établissaient sur des terrains fertiles, généralement surélevés et proches de points d’eau. Ces emplacements se composaient d’habitats spacieux, soignés, d’une construction relativement simple. C’était en général des habitations communes qui pouvaient accueillir jusqu’à une vingtaine de personnes. Ces habitations s’appelaient bohío, bajareque, caney et barbacoa.
Le bohío[2] était tracé sur un plan rectangulaire, le toit surélevé reposait sur deux colonnes de la partie antérieure qui servait d’auvent. Sur la partie frontale du bohio une entrée basse en permettait l’accès à ses habitants et sur les cotés, des ouvertures étaient emménagées afin de laisser pénétrer la lumière. Il existait également des bohíos de grandes dimensions appelés bajareque[3].
Le caney[4], était lui, tracé sur un plan polygonal et possédait un toit conique. Ce dernier reposait sur les poteaux et les parois, ce qui ne permettait pas la construction de porches comme pour le bohio. Une des parois était percée d’une entrée très basse. Les dessins de l’époque ne la conquête de laissent voir aucune autre ouverture.
La barbacoa[5] était l’équivalent d’une hutte construite sur pilotis ou logée dans un arbre, principalement destinées à la conservation des fruits et du maïs. La barbacoa occupe un espace particulier dans la mémoire cubaine. Si la fonction initiale s’est perdue, emmagasiner les récoltes à des fins de conservation, il s’est transformé en chambre supplémentaire pour les familles en manque d’espace. Dans tous les appartements des grandes villes on a construit des barbacoas. Les plus fameuses sont celles de La Havane et de Santiago de Cuba, deux villes qui connaissent un taux de surpopulation important principalement dans les quartiers de la vieille ville.
L’armature de ces quatre types de constructions était constituée de fourches de bois dur et le palmier était utilisé comme matériau pour le toit et les parois. La structure de ces habitations était soutenue par des cordes en fibre de palmier ou par des lianes provenant de plantes diverses.
Aujourd’hui le mot bohío a une acception usuelle mais quelle en est la définition de l’académie de la langue?
- Bohío : (voz americana) m. Cabane d’Amérique, faite de bois et de branches, de roseaux ou de paille sans autre ouverture que l’entrée.
Si l’on en croit l’anthropologue cubain Fernando Ortíz dans son glossaire d’afronégrisme dans lequel il cite Léo Wiener, le mot bohío est d’origine africaine et plus exactement mandiga. Dans la langue vei boi est une maison, bong est une maison en mandiga, bungo en kabunga, bo en toruka, bun et bong en bambari. Et Wiener pense que ce vocabulaire des langues mandé et mandiguas sont dérivés de l’arabe bait - maison[6].
Mais ces explications sont douteuses car il faut se souvenir que le bohio était l’habitat indigène, donc antérieure à l’arrivée des différentes communautés africaines et que le mot provient plutôt de la langue arahuaco, qui était la langue des indigènes. De plus, si le bohío est un habitat effectivement simple et modeste il est, contrairement à la définition toujours aménagé de plusieurs ouvertures. Il suffit pour s’en convaincre d’observer les espaces entre les parois et le toit.
Les espagnols, en s’installant dans l’île entre 1492 et 1512 créent les “villas” et commencent par construire leurs habitations à l’image de celles des indigènes. Des trois types de constructions, c’est le bohío qui va prédominer durant tout le XVIe siècle. Ensuite, ces mêmes Espagnols, s’installent dans les campagnes et initient une politique agraire. De la même façon, c’est le bohío qui va constituer l’habitat rural, il est idéalement adapté au climat et le matériau pour sa construction se trouve librement dans son environnement immédiat.
Une nouvelle étape est franchie vers 1580 avec l’arrivée des esclaves noirs, venus remplacer la main-d’œuvre indigène en voie d’extermination. Apparaissent alors de nouvelles formes de logement dans les centrales sucrières. En effet, les colonies d’esclaves étaient parquées dans de grandes baraques ou barrracones, à l’écart de la maison principale, de style colonial, qui abritait le propriétaire, (el amo), et le personnel blanc, c’est à dire le contremaître et sa famille. Il faut préciser qu’avant l’arrivée massive d’esclaves noirs et leur entassement dans les barracones, lorsque leurs communautés étaient encore peu nombreuses, ils pouvaient jouir d’une certaine liberté qui se reflétait dans la possibilité qu’ils avaient de vivre dans un bohio.
Les barracones étaient des bâtiments longs et étroits, aux parois en pisé, avec un toit très bas, sans autre ouverture que les deux entrées à chaque extrémité, ce qui en faisait des bâtiments particulièrement obscurs.
Un autre phénomène intéressant est celui des esclaves cimarrones, c’est à dire des esclaves en fuite qui deviendront bientôt le cauchemar des colons. Ces fuyards se réfugiaient dans des sites montagneux et construisaient leurs abris dans les arbres, les palenques, pour se protéger de leurs poursuivants, les rancheadores. Ces constructions ont disparu sitôt ce phénomène éradiqué par les colons. Cependant, les barracones ont survécu à l’esclavage. Ils ont bien évidemment changé de fonction et ont évolué jusqu’à se transformer en habitat destiné aux populations les plus démunies, et ce, non seulement dans les centrales sucrières, mais aussi dans les quartiers pauvres des villes et villages. Dans la première moitié du XXe siècle, les familles les plus pauvres étaient obligées de vivre dans des barracones compartimentés en studios, avec des conditions d’hygiène déplorables. D’autres exemples de la survivance des barracones, celui des « baraques » destinées aux réservistes ou les « auberges » qui logent des familles dont les maisons ont été déclarées insalubres.
La société cubaine a vu son évolution s’accorder au développement de l’industrie sucrière. Les progrès se sont fait sentir en milieu urbain et en milieu rural. Les quelques rares indigènes qui avaient survécu, les Espagnols et les noirs venus d’Afrique ont donné naissance à un métissage qui est aujourd’hui encore, la mosaïque de la nation cubaine.
Pendant que les “villas” se transformaient à la fin du XVIe siècle en villes et en villages, les constructions qui s’imposaient étaient faites de murs de brique et de toits de tuiles. Le badigeon était soutenu par des châssis de bois. Ces maisons étaient à l’origine assez basses, les murs en étaient légers et le coût moindre.
Le progrès rural à cette même époque a consisté dans le développement de fabriques (ingenios) et de plantations de tabac ainsi que de scieries pour la fabrication de bateaux. Malgré ces changements, l’habitat rural n’évolue pas. Le bohío de l’indigène se construit toujours à l’identique avec plus ou moins d’aménagements. Le bohío demeure l’habitat traditionnel des paysans qui travaillent la terre pour le compte des Espagnols, des journaliers, des cultivateurs pauvres, des fermiers mais aussi des créoles riches. Les propriétaires fonciers, les propriétaires de centrales sucrières et les riches éleveurs commencent, eux, à édifier des maisons confortables avec de nouveaux matériaux plus solides.
Toute la campagne cubaine pendant des siècles, a été parsemée de bohíos. Tout autour des villages, le long des routes, dans les quartiers pauvres, le bohío, avec la grâce de sa simplicité est l’élément primordial de l’habitat cubain.
Durant les guerres d’indépendance, la première en 1868, et la seconde entre 1895 et 1898, les champs et les plantations furent incendiés. Mais les bohíos se sont accrochés au paysage afin de retrouver leurs habitants une fois la guerre terminée. Il faut signaler que durant le “regroupement de Weyler”[7], à partir du 21 octobre 1896, la campagne demeura déserte à cause de la concentration obligatoire des paysans dans les villages afin d’éviter que les mambises ne bénéficient de leur aide.
L’indépendance en 1898 et la naissance de la République en 1902 ont apporté leur lot de changements. L’industrie sucrière développa de nouvelles centrales et de nouvelles fabriques (ingenios), et avec elles apparaissent les bateyes. Le batey[8] est le centre, l’âme, d’une fabrique (ingenio) ou d’une centrale sucrière. C’est un espace ouvert autour duquel se construisaient les maisons des ouvriers, employés et administrateur. Ils n’ont pas disparus aujourd’hui ayant généralement survécu à la politique de fermeture de ces vieilles industries sucrières.
Le bohío lui, loin de tout progrès, résiste avec la modestie de ses matériaux.
Les gouvernements successifs, loin de se préoccuper des conditions de vie de la population laissèrent pourrir une situation déjà précaire, celle du logement. Cependant le problème était moins aigu dans les villes qu’à la campagne. Le paysan n’était pas propriétaire, il travaillait pour des colons qui l’exploitaient et l’expulsaient au gré de leurs besoins, brûlant au passage leur modeste demeure, le bohío, qui, dans sa fragilité, représentait bien la précarité et la rudesse de la vie des paysans.
En 1953, un recensement[9] concernant le logement, montre que 63% des habitations rurales sont composées d’une combinaison de divers matériaux comme la yagua (feuille du palmier), de guano et de bois de diverses provenances. Le sol est généralement de terre ou recouvert de sacs de jute. 95% de ces habitations ne possèdent ni bain ni douche; les latrines sont à l’extérieur et font, parfois, office de douche. A cette époque, l’électricité ne couvre pas encore l’ensemble du territoire et la grande majorité des habitations rurales en sont dépourvues.
Au cours du jugement de Fidel Castro suite à l’assaut de la caserne de la Moncada, toujours en 1953, ce dernier dénonça la situation du logement dans son ensemble. Cette critique se convertit non seulement en une condamnation du régime mais en un thème majeur de la propagande révolutionnaire qui prétendait résoudre ce problème d’une façon définitive.
C’est en 1959 qu’ont été promulguées les lois qui vont changer le paysage de l’habitat autant urbain que rural, la loi de la Réforme Urbaine et la loi de Réforme Agraire. Avec l’entrée en vigueur de ces deux lois, sont entrés en action des plans qui ont concerné non seulement l’accession à la propriété mais également l’évolution de l’habitat.
La Commission Nationale des Logements Ruraux a été créée durant les deux premières années de la Révolution. Cette commission avait pour objectif d’éradiquer les habitations misérables appelées bohíos. A cette fin, la commission met en chantier plus de 200 aires de construction dans tout le pays. Cette commission est à l’origine de la création d’un nombre important de villages agricoles, qui remplacent les bohíos par des logements sociaux regroupés en bâtiments identiques, modifiant ainsi totalement le mode de vie rural[10].
De cette façon, le paysage rural traditionnel se trouve menacé de disparition. A partir du moment où l’on décide de la disparition du bohío, c’est la mémoire d’une culture traditionnelle en matière d’habitat mais aussi une culture artisanale qui se trouve entamée.
La substitution des bohíos par des “logements adéquats” n’a pas pu être réalisée avec l’ampleur initialement prévue. Tout d’abord parce que les ressources dont disposait le gouvernement ne permettaient pas de transformer 63% des logements ruraux ou d’améliorer les services d’hygiène des 95% d’entre eux. De plus, il fallait financer la construction des communautés rurales. Ensuite parce que d’autres problèmes de logement se présentaient aussi dans les villes auxquels il fallait faire face. La construction de villages agricoles que l’on a appelé plus tard “communautés rurales”, a eu pour conséquence de provoquer un exode rural vers les espaces urbains.
Retenons quelques faits :
A partir des années 1940 s’opère une forte migration des paysans vers les villes. Il faut rappeler qu’à cette époque, on observe une dégradation importante des conditions de vie à la campagne.
Dans les années 1960, on construit des communautés[12] destinées aux paysans de la zone montagneuse de l’Escambray qui avaient coopéré de façon très active avec l’armée des volontaires qui s’opposait au gouvernement révolutionnaire.
Dans les années 1970, on construit les fameuses “communautés rurales[13]” qui vont regrouper des paysans qui vivaient dispersés sur des territoires espacés. Ces communautés se composent d’immeubles de 3 ou 4 étages comprenant de 18 à 24 appartements. Le paysan reçoit, clé en mains, un appartement meublé et dispose d’un confort parfois difficile à obtenir en ville.
En analysant les recensements des années 1970 et 1981, on observe que la population rurale diminue considérablement. Quelles raisons trouver à ce phénomène alors que les lois de Réforme Agraire et les différents plans pour le logement prévoyaient d’améliorer considérablement la vie des paysans qui vivaient dans des bohíos misérables?
En remplaçant les bohíos par des immeubles, en regroupant les paysans qui avaient pour coutume de vivre sur leur parcelle, le paysage cubain subit une transformation magistrale. Mais ce n’est pas seulement une atteinte à la mémoire et aux traditions rurales, ça l’est également envers le mode de vie du guajiro (paysan). Au lieu de s’asseoir sur le tabouret tapissé de peau de chèvre que le guajiro adossait au mur en bois de palmier pour fumer un cigare en fin de journée, le paysan s’assoit maintenant sur une chaise sur un balcon qui ne lui offre d’autre vue que son voisin de l’immeuble d’en face.
Du bohío à la maison en béton armé[14].
En 1984, avec la possibilité qui leur est offerte de vendre leur produit sur les marchés appartenant à l’état, beaucoup de paysans qui ne vivaient pas dans les “communautés rurales” décident de construire leur propre maison, la mode de l’époque étant alors le style “chalet”. Le seul “progrès” de ce type de construction est d’être construit en brique et en ciment, le toit est constitué d’une plaque de béton armé et les fenêtres sont des persiennes. Bien sûr ces maisons sont plus solides que le bohío, mais elles sont tout à fait inadéquates pour le climat chaud et humide de Cuba.
De la maison en béton armé (placa) au bohío.
Cette chaleur si difficile à supporter et le désir de vivre indépendants pousse les enfants des paysans à construire, dans un rayon familial et donc sur la même parcelle, un bohío, dans la plupart des cas un « conuco » concédé par le chef de famille, et de s’y installer, réhabilitant ainsi un certain mode de vie. Il faut préciser qu’actuellement, cette démarche n’est pas faite dans le but de récupérer une mémoire qui se perd, mais plutôt de résoudre le problème du logement aujourd’hui si aigu à Cuba.
Il serait bon de pouvoir remonter à la source de notre étude et en partager l’intérêt avec les protagonistes. Discuter dans le salon triste d’un appartement d’une “communauté rurale”, ou dans le salon d’une maison de placa, suffocant de chaleur, ou bien assis “à la fraîche” sous un arbre d’avocat, planté derrière le bohio, entourés de poules et un chien couché à nos pieds.
Chaque acteur social pourrait alors évoquer pour nous un passé et un présent, riche et pauvre à la fois, mais de toute façon nécessaires à la compréhension de ce qu’est la mémoire de l’habitat traditionnel cubain.
L’habitat traditionnel de Cuba, comme nous venons de le voir, a résisté aux assauts du temps comme aux conceptions architecturales modernistes, ou aux politiques erronées de conception de l’habitat qui n’ont tenu compte ni des traditions populaires ni d’un mode de vie adapté aux conditions du pays.
Mais la maison traditionnelle paysanne a été réhabilitée par des personnes qui ont reconnu en elle un héritage transmis d’une façon spontanée de génération en génération. C’est aussi un culte à la mémoire qu’expriment des traditions artistiques populaires comme la poésie (« décima » et « improvisation »), la chanson (le « son montuno »), la littérature, la peinture, la sérigraphie et plus récemment le cinéma.
[1] Fernando Portuondo, Historia de Cuba hasta 1898, Editora Universitaria, La Habana, 1965.
[2] La représentation la plus exacte d’un bohío est celle exécutée par Fernández de Oviedo dans Historia general y natural de las Indias, islas y Tierra-Firme del océano, Madrid. Selon lui, les deux Espagnols qui furent envoyés dans l’île lors du premier voyage de Colon, avaient observés que les bohíos pouvaient loger jusqu’à 20 personnes.
[3] Fray Bartolomé de Las Casas fait mention d’une maison à Caonao, actuelle province de Cienfuegos, qui accueillait environ cinq cents personnes. Peut être en bon andalou, exagérait-il un peu, mais peut être mentionne-t-il un bajareque. De plus il ne faut pas oublier que les habitations indigènes étaient des habitats communautaires.
[4] Le « caney » a été également illustré par Fernández de Oviedo dans Historia general y natural de las Indias, islas y Tierra-Firme del océano. Madrid.
[5] Dans le chapitre I du livre VII de Historia general… , Oviedo précise que «…au fur et à mesure de la croissance du maïs et lorsque celui-ci atteint sa maturité il est nécessaire de le surveiller pour le protéger des animaux, pour ce faire les indiens utilisent les enfants qu’ils placent dans les arbres ou dans les abris faits des bois et de cannes recouverts de feuillages qu’ils appellent barbacoas ». Selon le texte original, Oviedo précise que « …así como el maíz va creciendo tienen cuidado de lo deshervar, hasta que está tan alto que señoree la hierva; cuando está bien crecido es menester ponerle guarda, en lo cual los indios ocupan a los muchachos, e a este respecto los hacen estar encima de los árboles e de andamios que los hacen de madera e cañas e cubiertos con ramadas por el sol e el agua, e a estos andamios llaman barbacoas”.
[6] Leo Wiener, Africa and the Discovery of America, Philadelphia, 1920 y 1924.
[7] Le « regroupement de Weyler » précisait: « Tous les habitants des campagnes environnantes ou hors de la ligne de fortification des villages devront se regrouper dans un délai de huit tours dans les villages occupes par les troupes. Tout individu que transgressera cette règle sera considéré comme rebelle et sera jugé comme tel ». La Enciclopedia de Cuba, t.5, Madrid: Ed. Plaza Mayor, S.A., segunda edición, febrero de 1976, p.135.
[8] Le batey , du vocabulaire arahuaco des indiens taïnos, désigne l’espace quadrilatère devant le bohío du cacique. Il est utilisé comme aire de détente pour les jeux de balles ainsi que d’espace de réunion lors des assemblées.
[9] Recensement du logement de 1953. Comité Estatal de Estadísticas. Censo de Población y Viviendas, La Habana, 1981.
[10] Juan Vega Vega, Commentaires à la Loi Générale du Logement, Ed. de Sciences Sociales, La Havane, 1986.
[12] Sandino, dans la province de Pinar del Río, et la Communauté Wilfredo Pagés, environ vingt kilomètres de la ville de Santa Clara.
[13] Communauté « La Yaya », Communauté « Los Cocos », Communauté « La Campana » toutes dans la région de l’Escambray.
[14] Type de maison connue comme « maison de placa ».
Bibliographie
Alfredo Zayas, Lexicografía antillana, La Habana, 1914.
Fernando Ortíz, Glosario de afronegrismos, Editorial de Ciencias Sociales, La Habana, 1991.
Fernando Ortíz, Un catauro de cubanismos, La Habana, 1923.
Fernando Portuondo, Historia de Cuba hasta 1898, Editora Universitaria, La Habana, 1965.
Gonzalo Fernández de Oviedo, Historia general y natural de las Indias, islas y Tierra-Firme del océano, Madrid.
Juan Vega Vega, Comentarios a la Ley General de la Vivienda, Editorial de Ciencias Sociales, La Habana, 1986.
La Enciclopedia de Cuba, tomo 5, Ediciones Plaza Mayor, S.A., segunda edición, Madrid, febrero de 1976.
Leo Wiener, Africa and Discovery of America, Philadelphia, 1920 et 1924.
Fernando Ortíz, Glosario de afronegrismos, Editorial de Ciencias Sociales, La Habana, 1991.
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